La Fanny

Embrasser Fanny

Fanny, édition de 1920

Embrasser Fanny, c’est perdre une partie de boules (jeu provençal ou pétanque) sur le score de 13 à 0. Le perdant ou l’équipe perdante se devaient alors d’embrasser le postérieur dénudé d’une Fanny factice. Les expressions Faire fannyBaiser FannyÊtre fanny ou Se prendre une fanny sont équivalentes.

Tradition

À l’origine, les perdants devaient embrasser les fesses d’une femme postiche nommée Fanny, représentée sous forme de tableau, de poterie ou de sculpture1. Aujourd’hui elle se rencontre plus chez les antiquaires et les brocanteurs qu’au bistro du coin. Mais tous les clubs boulistes en conservent une à leur siège et cette icône fait partie de leur patrimoine2.

C’était à la fois une récompense et une honte pour l’équipe perdante mais toujours une franche rigolade pour les spectateurs1. « Embrasser Fanny, c’est l’image effrayante de la défaite, la preuve horrible qu’on a été battu. Et pas seulement battu, mais vaincu lamentablement, l’humiliation totale : perdre par 13 à 0 ! »2.

Historique de Fanny

Fanny, édition de 1896

Une tradition récente voudrait lui trouver une origine en Dauphiné où une Fanny aurait été serveuse dans un café de Grand-Lemps, peu avant la Première Guerre mondiale. Ce fut le maire du village qui inaugura cette pratique1. Mais des cartes postales précédant cette période montre déjà Fanny et son postère offert. Certains la voit d’origine lyonnaise puisque la petite histoire du quartier de la Croix-Rousse dit que, dès 1870, les joueurs du Clos Jouve avaient comme spectatrice une jeune fille de 20 ans au grand cœur. Elle consolait le joueur malheureux en lui montrant ses fesses. Mais n’acceptait pas de baiser2.

Le rituel de Fanny

Le rituel

Pour pallier le manque cruel de Fanny de comptoir acceptant de se retrousser en public, fut mise en service, dans tous les lieux où l’on jouait au jeu provençal ou à la pétanque, une Fanny postiche aux fesses rebondies1. Conservée avec ferveur, véritable relique païenne, toujours cachée dans une petite armoire, derrière un panneau ou un rideau, elle n’était dévoilée que pour un retentissant 13 à 0. Alors, le malheureux vaincu, à genoux comme s’il allait à confesse, en présence de tous, s’approchait de l’autel pour baiser l’icône. Faire passer le postérieur de Fanny à la postérité fut aussi une façon radicale de braver la morale bourgeoise chrétienne qui jetait l’opprobre sur ses fesses dénudées2.